PHOTOGRAPHIES PANORAMIQUES DES VILLES DE FRANCE

SAVOIR +

COMMENT

Depuis le début de la photographie en 1839, les photographes essaient de représenter le monde qu'ils voient. Le champ de vision humain étant plus large que haut, les photographes ont imaginé de coller ensemble plusieurs photos qui représentent la scène qu'ils voient autour d'eux. Le panorama peut s'étendre à 360º, c'est-à-dire décrire un cercle autour du spectateur.

Le nom « panorama » est une création du peintre irlandais Robert Barker (1739-1806). Il fit breveter son invention, un énorme tableau circulaire représentant la ville d'Edinbourg.

Dès 1846, des appareils spéciaux, conçus pour saisir une image à champ très large, ont été créés. On appelle photo panoramique une image dont la largeur dépasse une centaine de degrés de largeur.

 

Aussi, pour obtenir un panoramique original, il faut passer par plusieurs étapes. La méthode est complexe et il n'est pas rare d'attendre une année pour trouver le moment le plus propice aux meilleures prises de vue. Cette entreprise demande beaucoup d'énergie, de temps et d'investissement, ce qui explique que la liste des images des villes proposées dans ce site s'allonge lentement...

 

 1 - Repérer

 

En photographie panoramique le repérage est très important et représente la plus grande difficulté. Où, quand, comment la prise de vue doit s'effectuer (recherches de plan sur Internet, avec une carte de la ville, conseils de personnes connaissant les lieux, et surtout repérage physique sur le terrain). Atteindre un point de vue idéal qui va faire une image unique (s'inviter chez l'habitant, monter sur une échelle ou un mur, et même sur la nacelle d’un camion). C'est à ce moment qu'il faut risquer le tout pour le tout pour atteindre ce point que personne d’autre n’aura eu l'idée ou l'audace d'atteindre.

Plusieurs éléments doivent être rassemblés : il faut rechercher un lieu en ville qui se prête à cette vision panoramique : ni trop près ni trop loin. Choisir ainsi un point de vue qui soit à la fois assez proche pour voir les détails de la scène, et en même temps un dégagement suffisant pour avoir un espace global resituant dans son contexte les monuments et autres sujets de la scène. Ensuite il faut s'assurer que rien ne vienne parasiter le panorama : les échafaudages, grues de chantier, bâtiment ou arbre trop haut bouchant l'horizon, panneaux publicitaires, pancartes signalétiques, cars, bus, voitures... garés juste devant.

Sans parler de la météo : ombre portée, soleil placé différemment en hiver et en été, mauvais temps, nuages…, ainsi que des autorisations diverses à obtenir auprès de la préfecture.

Le moment le plus propice pour réaliser les meilleures prises de vue dépend de tous ces facteurs.

 

 2 - Composer

 

Bien que j'utilise le procédé de la photographie, mes œuvres s'apparentent à des compositions picturales, à des tableaux. Comme l'explique Wassily Kandinsky (1866-1944) dans ses écrits (Du spirituel dans l'art, 1911 et Point, ligne, plan, 1926) il s’agit de trouver un ensemble équilibré entre les différentes zones du tableau, pour atteindre une «composition monumentale». Je cherche le meilleur cadrage pour saisir le lieu, de la manière la plus compréhensive visuellement. Pour aboutir à une composition harmonieuse, j'évite les fuyantes disgracieuses, les zones sans intérêt ; j'équilibre les masses végétales et minérales...

Les images panoramiques dépassant 180 degrès (270, 360) sont parfois très déformées et compliquent le regard. J'ai choisi dans la vision panoramique, et en référence à la fresque (F. Belmonte en peignait encore en 1970), le moyen d'obtenir un angle de vue qui me permette d'obtenir de vastes espaces, d'englober sur une seule image tout un quartier de ville. Cette technique me permet ainsi de composer un paysage très vaste dans lequel le spectateur pénétre pour découvrir des détails et se promener dans cette scène monumentale. Choisir un angle de 180 degrés, voire 190, correspond parfaitement aux panoramas des paysages existants. Ce choix permet aussi d'avoir une homogénéité visuelle dans la collection.

 

 3 - Photographier

 

Quand tous ces paramètres sont réunis, la prise de vue peut être réalisée. Mais là encore la situation est complexe. Photographier une ville ce n’est pas simple ! Mouvements, agitations, animations, circulations, évolutions, changements... La ville concentre la vie. Tout ce qui compose une ville bouge sans cesse : personnes, bus, voitures, bateaux, chantier... ce foisonnement urbain complique considérablement la tâche.

Je me crée une banque d’images du lieu, qui sera utilisée pour l’assemblage. Ainsi je peux parfois prendre une centaine de photos pour disposer d’un maximum d'éléments d’une scène à créer (un bateau qui passe sur l'eau, un personnage en mouvement, une voiture, un nuage... ). Je peux ainsi rester plusieurs heures sur le terrain pour capturer différents éléments qui pourraient équilibrer l’image à venir.

 

4 - Assembler

 

Pour fabriquer une image, j’ajuste plusieurs clichés successifs. Ce procédé permet ainsi de créer de véritables visions panoramiques sans déformations optiques. Une image comporte en moyenne une trentaine de petites images assemblées (dimension d'une photo : 13 x 18), ce qui donne finalement une image de 2 mètres environ, un « piqué » suffisant pour d'obtenir un agrandissement jusqu'à couvrir un mur entier.

J'utilise aussi la technique du collage numérique qu'on appelle aussi « retouche » d'image, pour re-fabriquer une image qui n'a pas existé dans un temps T. Mais rien n’est gommé de la réalité, il s’agit juste de rajouter des éléments qui ont bien existé - mais dans un temps décalé.

 

Cette technique diffère, evidemment du cadrage panoramique. En effet, il ne suffit pas de couper une image pour réaliser un panoramique. Bien au contraire, la vision panoramique implique une addition de plusieurs espaces et demande un autre regard que dans la prise de vue traditionnelle (4/3).

Contrairement au cadrage plus serré, le panoramique ouvre le champ de vision pour montrer le plus d’espace possible, pour que l’œil puisse circuler sans entrave. C’est cet assemblage de plusieurs espaces qui m’intéresse, la création d'un espace où le regard peut respirer, où le regard n’est pas frustré.